Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/55

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sache la durée. Je lui verserai intégralement le mois commencé, voilà tout.

Teddy décréta d’un ton calme :

— Vous ne comprenez pas. Ce n’est pas de la payer que je vous demande, c’est de la laisser croyant que vous la payez.

Commençant à saisir son rôle d’intermédiaire, M. Litynski ébaucha un sourire gouailleur ; tandis que Teddy, griffonnant sur un coin de table, poursuivait :

— Je vous signe un chèque de cent dollars sur Morgan, à Paris… Et dans deux mois, je recommencerai. En échange, vous allez écrire ceci à Mlle Laurence…

Et le jeune homme dicta gravement :

« Mademoiselle,

« En considération des bons services que vous avez rendus à ma maison, j’ai l’honneur de vous informer que je continuerai à vous servir vos appointements habituels de deux cents francs par mois pendant toute la durée de la maladie de madame votre mère.

» Acceptez-les comme une avance sur votre traitement, dont vous me rembourserez plus tard en acomptes à votre convenance.

» Et veuillez agréer, mademoiselle, etc… »

Le tailleur qui avait transcrit docilement ces phrases, murmura avec une gaieté secrète :

— Je voudrais voir la tête d’un de mes employés s’il lisait cela !

Puis, examinant le chèque remis par Teddy, il remarqua :

— Cent dollars pour deux mois… mais, cent dollars font cinq cents francs… vous me donnez