Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/139

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raisonner, j’ai cherché à comprendre la perfection suprême : je n’ai pu en avoir une conception exacte, pas plus qu’on ne peut concevoir l’infini ; mais du jour où j’ai commencé à sentir, je me la suis représentée sous la forme de l’amour et j’en ai fait ma religion. Si je veux m’agenouiller devant mon Dieu, dois-je me prosterner dans la boue ?… J’estime que les plaisirs des sens détachés de la pure affection, les joies charnelles détachées des vertus familiales ne sont rien. Tout cela forme une chaîne : l’amour se balance au dernier anneau ; mais que la chaîne soit rompue, et l’amour s’éparpille en miettes. Mon cœur refuse de se contenter des morceaux cassés : mon premier bonheur doit être le bonheur entier… Père, je songe prématurément