Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/14

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instruite à sa guise, par un père inconscient et prime-sautier, représentez-vous le milieu d’artistes où elle a poussé, ajoutez à cela la déception d’une première aventure ratée, et vous avez la clé de cette jolie énigme qu’est notre Nicole déroutante, ensorcelante et lettrée… Je suis un peu documenté : j’ai connu son père. Et puis, je fréquente assidûment ses salons. J’adore ce mélange de tous les mondes qui s’appelle le demi-monde. J’entre ici comme dans un magasin de nouveautés, pour avoir la surprise des rencontres, le spectacle d’une exhibition imprévue… L’ensemble a du chic : sans entraver la liberté des manières, Nicole a su imposer discrètement une élégance de tenue qui évoque les petites maisons de la Régence où la pire débauche savait rester de la débauche de grand seigneur… Vous ferez en cette demeure nombre de connaissances hétéroclites ; vous y verrez même un ancien ministre, président du Conseil, l’illustre Léon Brochard ; j’ai eu la stupeur de l’apercevoir, à l’instant…

— Quels sont les amis de Nicole ?

— Le petite intimité de notre belle amie se borne à Landry Colin, le grand banquier, l’associé de Bernard. La fortune de Paul Ber-