Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/21

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moulée sous le maillot collant, jamais la vertigineuse Nadine ne fut plus suggestive que dans cette toilette fourragée par ses doigts impatients, où sa beauté piquante prend la grâce lascive du retroussé.

Au fur et à mesure que la jupe remonte, le cercle des spectateurs se rétrécit, se rapproche d’une poussée brutale, qui enferme la jolie créature dans un réseau de convoitises. Les hommes, voire les femmes, ont une figure pâle, des regards allumés, et les mains tremblantes.

Près de moi, Fréminet murmure, avec une conviction de directeur :

— Ah ! la mâtine… Elle n’a jamais donné ça devant le vrai public.

Et Landry Colin, le visage changé, tripote fébrilement sa barbe annelée. Landry est jaloux ; quand il regarde Nadine, ses lèvres se froncent, ses yeux se durcissent : un vrai mufle de dogue qui surveille son os.

Landry fait un geste, comme pour rejoindre Nadine, puis, se tourne vers nous d’un air hésitant. Il considère Brochard, m’examine ensuite, et, finalement, nous quitte après m’avoir soufflé dans l’oreille :

— Soyez coquette !