Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/68

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hostiles exprimant : « C’est une jolie femme, elle sera reçue avant nous. »

Au bout de cinq minutes, le valet de chambre revient : « Par ici, madame ». Et il me fait longer un couloir obscur aboutissant à un salon plus intime où il me laisse de nouveau. Cette fois, je suis seule. Je regarde : il y a un piano dans un angle, et des photographies sur la cheminée. Le portrait d’un petit garçon : Clément Brochard à douze ans. C’est drôle, il semble que ces êtres-là n’aient jamais été bébés ; et je m’étonne de retrouver, adoucis d’une expression juvénile, arrondis dans une chair poupine, les traits altiers du grand ministre. Puis, c’est la miniature d’une jeune fille laide, quelque parente de Brochard. Et le portrait du président de la République avec un autographe en travers.

Malgré la bourgeoisie cossue de cette pièce banale (il y a même une housse oubliée sur un fauteuil), voici que j’éprouve, derechef, la sensation particulière du prestige : je suis à la fois, anxieuse, flattée et intimidée.

Un bruit de porte qui claque : Léon Brochard est devant moi.

Il est en beauté, ce matin : ses traits secs