Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/69

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n’ont plus d’âge, ses yeux sont deux flammes pétillantes, et sa moustache s’ébouriffe comme de la mousse blanche. Un veston d’étoffe mince affine sa taille roidie ; il a l’air d’un jeune premier qui a voulu se faire une tête de père noble — plutôt que d’un vieux beau qui se rajeunit.

Se précipitant sur mes mains, et les baisant alternativement avec une fringale de Caraïbe, Brochard s’exclame :

— Ah ! que c’est gentil, que c’est gentil d’être venue !… Moi qui n’y comptais pas !

— Pourtant, lorsque vous m’avez invitée, n’ai-je point accepté ?

— Justement, riposte le malicieux Brochard, quand une femme répond : « Oui », à la première entrevue, on peut être presque certain que cela signifie : « Non ». Ce n’est que si elle ne dit rien qu’on a le droit d’espérer… J’avais cru devoir assaisonner votre « oui » en gibelotte.

Tiens, tiens, tiens… moi qui pensais que Brochard ne connaissait pas les femmes ! Il ajoute :

— Seulement, il eût fallu me prévenir, chère amie… Vous tombez chez moi un jour où