Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/76

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Il a dit cela presque naïvement. J’éclate de rire :

— Monsieur Brochard, vous n’êtes point galant : je n’ai pas trente ans ; je ne suis ni actrice ni institutrice ; et l’unique science que je me prétende, on la décore de faveur rose et non de ruban violet.

— Je vous adore, tenez.

Toc, toc ! On frappe de nouveau à la porte. Léon bondit, outré, l’œil furibond, prêt à foudroyer l’intrus :

— Ah ! cette fois, par exemple !…

Cette fois, c’est le déjeuner, qu’un domestique imperturbable et narquois nous annonce en ouvrant à deux battants.

La salle à manger : longue pièce sévère, tapissée du haut en bas d’un admirable papier aux tons fauves, imitant le cuir doré des aludes, et qui recouvre ses murs comme la reliure d’un beau livre. Un ameublement superbe et démodé, un grand buffet sculpté, travaillé ; orné, en bas-reliefs, de figures mythologiques : sur l’un des panneaux, la robuste Cérès, moissonnant sa gerbe blonde ; sur l’autre, la divine Pomone, étalant d’un même geste d’offrande, les pulpes fraîches d’une guirlande de pêches,