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INTRODUCTION

et l’empêcha de faire connaître le grand écrivain qui l’aurait mérité.

Desèze était cependant un des admirateurs de Montesquieu. Il avait lu les œuvres de l’ancien président à mortier au Parlement de Bordeaux, et il ne craignait point de s’en faire le défenseur. Il les citait volontiers. C’est ainsi que nous lui voyons terminer son rapport en parlant de l’étude de la politique, d’après Montesquieu, par ces mots : « Déjà tous les esprits s’en occupent, et il est aisé de prévoir que quand les citoyens seront quelque chose dans la Monarchie, cette science fera de rapides progrès. Encore une génération, et les grandes vérités de l’Esprit des Lois auront produit tout leur fruit, peut-être même cette philosophie, née de l’amour des hommes, dont on trouve tant de germes heureux dans cet immortel ouvrage, sera-t-elle devenue plus populaire, car, si les droits de l’homme y sont exposés avec force, ils ne le sont pas dans toute leur étendue. Dans vingt ans, les écrivains auront à louer Montesquieu du courage avec lequel ils auront été plus loin que lui. »

Cette appréciation est d’autant plus curieuse qu’elle reflète les idées de l’époque. Elle nous fait connaître l’influence des œuvres de Montesquieu, au moment où s’opérait une transformation dans la société.