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qui imprime leur vrai caractère à ces journées de sang, qui ont été des prolongations des combats de la liberté avec le despotisme. »

C’est là, croyons-nous, la véritable explication des massacres de septembre.

La circulaire adressée, le soir du 3 septembre par les administrateurs de la commune aux départements, et qui porte la signature de Marat, doit trouver sa place ici :


Frères et amis,

Un affreux complot tramé par la cour pour égorger tous les patriotes de l’empire français, complot dans lequel un grand nombre de membres de l’Assemblée nationale se trouvent compromis, ayant réduit, le 8 du mois dernier, la commune de Paris à la cruelle nécessité de se ressaisir de la puissance du peuple pour sauver la nation, elle n’a rien négligé pour bien mériter de la patrie, témoignage honorable que vient de lui donner l’Assemblée nationale elle-même. L’eût-on pensé ! Dès lors de nouveaux complots non moins atroces se sont tramés dans le silence ; ils éclataient au moment même où l’Assemblée nationale, oubliant qu’elle venait de déclarer que la commune de Paris avait sauvé la patrie, s’empressait de la destituer pour prix de son brûlant civisme. À cette nouvelle, les clameurs publiques élevées de toutes parts ont fait sentir à l’Assemblée nationale la nécessité urgente de s’unir au peuple et de rendre à la commune, par le rapport du décret de destitution, les pouvoirs dont il l’avait investie.

Fière de jouir de toute la plénitude de la confiance nationale qu’elle s’efforcera toujours de mériter de plus en plus, placée au foyer de toutes les conspirations et déterminée à s’immoler pour le salut public, elle ne se glorifiera d’avoir pleinement rempli ses devoirs que lorsqu’elle aura obtenu votre approbation, objet de tous ses vœux, et dont elle ne sera certaine qu’après que les départements auront sanctionné ses mesures pour sauver la chose publique.