Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/118

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Jetez les yeux sur les dispositions du nouvel impôt. Pour paraître en faciliter le paiement, il le fixe à différentes époques. Mais bientôt pressé de le palper en entier, il offre un escompte ou remise à ceux qui le feront sans délai. Les capitalistes, les banquiers, les agioteurs, se trouvant porteurs d’une très grande partie des effets royaux, rien ne lui paraît plus sérieux que d’assurer le paiement de ces créanciers de l’État, que de ne soumettre jamais à aucune retenue le paiement des intérêts ; il rappelle à cet égard le vœu de l’assemblée nationale, et, il la presse de le remplir. Puis, faisant valoir la nécessité où il est de ménager la caisse d’escompte, il propose de la transformer en banque nationale, et il requiert une approbation immédiate et décisive. Il fait plus ; il propose dans son dernier plan à l’assemblée nationale de garantir à la caisse d’escompte un emprunt de 70 millions, qu’il se propose de faire, en délégant le produit de la contribution du quart du revenu. Enfin, et ce dernier trait suffira, je crois, pour démasquer l’administrateur des finances : à peine la nation est-elle en possession des biens ecclésiastiques, qu’il propose à l’assemblée nationale de décréter la liberté d’acquérir ces fonds avec des effets royaux : proposition scandaleuse, qui produirait à la fois la prompte dilapidation de ces biens par le ministère, et leur translation dans la main des Hollandais et des Genevois, qui en expulseraient à l’instant les cultivateurs nationaux. Voilà donc sa funeste méthode des anticipations revenue ; voilà donc ses éternelles spéculations d’agiotage reprises sans pudeur ; voilà donc les sangsues de l’État, qui le couvrent de leur égide, dévorant sans cesse la substance des peuples : enfin voilà ce sauveur de la France, repoussant avec barbarie les ressources qui s’offrent

    il se montre au district ; aussi lui donnent-ils chaque jour une garde d’honneur ; aussi leur donne-t-il en retour de bons dîners, auxquels sa douce moitié assiste pour verser le café et la liqueur. (Note de Marat)