Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/136

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éplucherai, je les commenterai, et il n’ignore pas que je sais lire.

J’ai fait ma tâche, qu’il fasse la sienne. Dégagez donc votre parole, Monsieur l’administrateur des finances, justifiez-vous sans délai aux yeux de la nation ; démontrez, si vous le pouvez, que mes inculpations sont destituées (sic) de tout fondement, démontrez qu’elles vous sont étrangères[1] ; mais n’oubliez pas que ce serait perdre vos peines que de vous attacher à improuver quelques particularités sur lesquelles je puis m’être trompé : c’est le corps de mes inculpations que vous devez anéantir ; garder le silence sur un seul point, ce serait passer condamnation.

Ne donnez pas non plus le change au public, en soudoyant des plumes vénales pour me diffamer[2]. Il ne s’agit

  1. Je connais toutes les rubriques dont on peut se servir pour couvrir les crimes des agents de l’autorité. Mais si le ministre de la guerre, déjà criminel de lèse-nation pour avoir fait avancer les troupes et les trains d’artillerie qui devaient détruire la capitale, avait la lâcheté de conniver avec le premier ministre des finances, il attirerait tout l’orage sur sa tête : qu’il tremble d’aggraver ses attentats. (Note de Marat)
  2. Depuis que j’ai dénoncé M. Necker, le public est inondé d’une foule d’écrits où le premier ministre des finances est flagorné, et où je suis impitoyablement déchiré par des vendeurs d’injures et de calomnies. Dans une guerre de ce genre, on sent trop le prodigieux avantage que doit avoir contre un homme réduit à travailler pour vivre, un homme qui a l’autorité en main, qui peut donner des places, et qui dispose d’une fortune de 14 à 15 millions.

    Quoi qu’il en soit, mes principes sont connus, mes mœurs sont connues, mon genre de vie est connu : ainsi je ne m’abaisserai point à combattre de lâches assassins qui s’enfoncent dans les ténèbres pour me poignarder. Que l’homme honnête, qui a quelque reproche à me faire, se montre ; et si jamais j’ai manqué aux lois de la plus austère vertu, je le prie de publier les preuves de mon déshonneur. Je terminerais ici cet article, s’il n’importait à la cause de la liberté que le public ne soit pas la dupe des artifices employés pour le prévenir défavorablement contre son incorruptible défenseur.

    Comme ma plume a fait quelque sensation, les ennemis publics,