Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/146

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noire de l’assemblée nationale, fut enfin obligé de battre en retraite.

Tant d’essais indigestes ne me faisaient que trop sentir combien peu les droits de l’homme en société étaient connus ; combien peu on avait dessein d’organiser la machine politique pour le bonheur des peuples ; je traçai le plan d’une constitution[1], libre, juste et sage ; j’y indiquai les réformes à faire ; j’y invitai la nation à reprendre les biens ecclésiastiques que le clergé dissipait honteusement, à les employer suivant le but de leur donation ; j’y proposai le rappel de toutes les pensions usurpées ou excessives, la suppression de toutes les places inutiles ou dangereuses, l’abolition des maisons militaires des princes ; j’y fis sentir la nécessité de ne plus laisser à la couronne la nomination aux emplois ecclésiastiques, civils et militaires, la nécessité de réduire l’armée de moitié, l’établissement d’un vrai tribunal d’État chargé de juger les agents du pouvoir qui abuseraient de l’autorité, la consécration solennelle des droits de la nation, le mode de distribuer et de limiter les pouvoirs de l’État de telle sorte que la liberté publique ne soit point exposée. La plupart de ces vues furent adoptées.

La manière dont les États-Généraux avaient été composés, la multitude d’ennemis de la révolution qu’ils renfermaient dans leur sein, le peu d’aptitude et de désir que le plus grand nombre montrait à faire le bonheur public, m’avaient fait sentir la nécessité de surveiller avec sollicitude l’assemblée nationale, de relever ses erreurs, de la ramener sans cesse aux bons principes, d’établir et de défendre les droits du citoyen ; de contrôler les dépositaires de l’autorité, de réclamer contre leurs attentats,

  1. Ce plan a été publié à la fin du mois d’août 1789. (Note de Marat). — Voici le titre exact de l’ouvrage dont parle Marat : Projet de déclaration des droits de l’homme et du citoyen, suivi d’un plan de constitution sage et libre (1789 ; in-8o de iv-67 p.).