Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/156

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quant. L’ayant nommé sur sa foi, je sentis que le sieur de Joly pouvait ne pas être coupable. Comme il est dans mes principes de rendre justice au diable même, je m’empressai de rétracter une méprise qui pouvait charger ce secrétaire municipal d’un délit dont il n’était pas l’auteur, et mon désaveu, consigné dans une lettre que je lui écrivis, devint public par la voie de l’impression. En remplissant ce devoir, que le respect pour la vérité, l’amour de la justice, et l’honneur m’imposaient également, j’avais satisfait de plein gré à ce que le tribunal le plus sévère aurait pu exiger de moi ; or, j’augurai assez bien de la pudeur du sieur de Joly, pour croire qu’il retirerait sa plainte, et laisserait tomber l’action qu’il m’avait intentée ; mais c’était présumer trop favorablement de lui.

Cependant j’avais repris ma plume, et je continuai à fronder les nouveaux attentats du premier ministre des finances, du chef de la municipalité, et des principaux administrateurs. Leurs craintes se réveillèrent, et leur persécution recommença. Pour m’enlacer dans leurs filets, ils me firent signifier un décret d’ajournement personnel sur la plainte du sieur de Joly. Je ne comparus point ; mais je chargeai un procureur de faire toutes les démarches nécessaires pour découvrir ce qui se tramait au Châtelet contre moi. Le greffier en chef l’assura qu’il n’existait aucun décret de prise-de-corps, et que le décret d’ajournement personnel n’aurait même aucune suite. En lui répétant ces assurances, le procureur du roi ajouta qu’il me laisserait

    plusieurs témoins, que, s’il a varié sur ce point, c’était afin d’éviter toute discussion avec le sieur de Joly, ce qui aurait pu retarder son départ pour la Bourgogne, où sa présence était nécessaire. Au reste, on s’est mépris sur l’objet de ma rétractation. Je ne reconnais le sieur de Joly, ni pour un homme délicat, ni pour un homme intact ; je sais au contraire que c’est un bas intrigant, et je lui en offre la preuve ; mais je dis qu’il n’a pas commis le faux dont je l’avais accusé sur la parole du comte de Pernet. (Note de Marat)