Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/162

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rassemblé autour de lui son bataillon, il ne se crut pas en sûreté, il se fit accompagner à la ville, pour implorer la protection des mandataires ; ils le comblèrent des témoignages de leur estime, et le mirent sous la sauvegarde de la commune, après avoir pris un arrêté fulminant contre moi et les autres écrivains, qui avaient eu l’effronterie de déchirer le voile dont les ennemis de la patrie s’étaient enveloppés[1]. En protestant contre cet arrêté, aussi indécent qu’illégal, j’attaquai l’incompétence de leur juridiction, et leur demandai en vertu de quel pouvoir ils s’étaient érigés en tribunal de judicature, tandis que leur mission se bornait à préparer un plan d’administration municipale ; à quel titre ils avaient donné charge à leur procureur de poursuivre un écrivain patriotique qui les avait traduits eux-mêmes, comme ayant abusé de la confiance de leurs commettants ; de quels fronts ils dénonçaient au Châtelet

  1. Voici la délibération de la commune de Paris, du 15 janvier 1790, à laquelle Marat fait allusion. Nous l’empruntons au Moniteur (réimpression, t. III, p. 166) :

    « L’Assemblée, profondément affectée de la lecture que lui a faite M. Boucher d’Argis, conseiller au Châtelet, de plusieurs articles d’une feuille périodique portant pour titre l’Ami du peuple, par M. Marat, et justement indignée de toutes les atrocités auxquelles se livre cette feuille contre un magistrat qui, depuis tant d’années, ne cesse de donner des preuves de son intégrité, de son zèle, de ses lumières, de son dévouement à la chose publique et particulièrement à la défense des citoyens indigents ; convaincue que sa conduite, comme magistrat et comme rapporteur dans l’affaire de M. Bezenval, est irréprochable ;

    « A arrêté qu’il serait ordonné au procureur-syndic de la commune de dénoncer, par devant le tribunal qui en doit connaître, les feuilles dudit écrit, et nommément le no 97, et de suivre avec toute l’activité possible l’effet de cette dénonciation ;

    « A consigné dans son procès-verbal les témoignages honorables qui sont dus à la conduite et au patriotisme de M. Boucher d’Argis, et a déclaré le mettre sous la sauvegarde de la commune de Paris.

    « Signé : Bailly, maire ; Vermeil, président ; Moreau, Mulot, Cellier, Guillot de Blancheville, Bertolio, secrétaires. »