Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/173

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sont ennemis de la révolution, comme s’il avait compté sur des scènes de meurtre et de carnage. En refusant de se rendre sur les lieux pour apaiser le tumulte, il a exposé la capitale aux horreurs des dissensions civiles. Je le dénonce à la nation comme un chef indigne de commander aux soldats de la patrie ; je demande sa destruction[1] comme un chef dangereux, qui ne sait qu’obéir en esclave, et sa punition comme d’un cruel conspirateur[2]. Je ne dirai rien ici du dévouement servile de la plupart des officiers qui conduisirent l’expédition, et surtout du sieur Carles, brutal satellite que la nature avait destiné à être chef d’une bande de records. La seule réflexion que je me permettrai sur ce bas valet, c’est qu’il fait honneur au choix du général. Parlerai-je des gardes nationaux qu’on a vu dans cette journée se livrer à mille excès, s’avilir au rôle de souteneurs d’alguasils et d’espions, pour opprimer un citoyen irréprochable qui s’était dévoué pour le salut du peuple ? Non, je laisse tomber le voile sur cet oubli honteux des devoirs de soldats de la patrie, pour ne voir que les noirs projets du ministre adoré, lâche persécuteur des écrivains patriotiques qui l’ont démasqué, et le premier auteur des divers attentats commis contre ma liberté, mon repos et ma vie.

Mais c’est trop longtemps parler de moi, et je ne m’occuperai plus de ma cause, qu’autant qu’elle intéresse celle du public.

Ne nous abusons pas. Sous un prince faible et bon, un peuple ignorant et corrompu peut bien secouer un instant le joug ; il suffit pour cela du concours de quelques circonstances heureuses. Mais pour recouvrer[3] sa liberté, il

  1. Il faut lire évidemment destitution.
  2. On verra ci-après un grief plus grave encore contre sa loyauté. (Note de Marat)
  3. Il y a dans le texte recouvrir.