Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mélange de ces farines gâtées ; et après avoir reçu la déclaration du commis chargé par le Comité municipal des subsistances de diriger cette manipulation[1], ils ont été requis de lever les scellés qu’ils avaient mis sur ces tonneaux. L’examen du registre du principal inspecteur des farines a prouvé que du premier au 16 octobre, il en a été envoyé chaque jour à la halle[2] 60 sacs, plus ou moins, chacun de 217 liv.

Dans ce registre, ouvert au hasard, ils ont vu (sous la date du 28 août) l’entrée de 7 948 liv. de marons ; et (sous la date du 27) la sortie de 7 854 liv. de farine de marons ; sans doute de marons d’Inde, à en juger par les mauvais grains et les farines gâtées qui ont servi à l’approvisionnement de la capitale.

Ainsi, tandis que l’administrateur des Finances laisse passer la fleur de nos grains chez l’Empereur, il nous fait manger du pain d’orge et de seigle, du pain de féveroles et de vesce, du pain de végétaux que les pourceaux rebutent, du pain de farines gâtées, du pain détestable, uniquement propre à délabrer la santé, et à produire diverses maladies épidémiques.

Ces honteuses opérations se faisaient clandestinement. Les réticences, les tergiversations, les déclarations contradictoires des employés, les mensonges des chefs boulangers[3], des principaux commis[4] et des inspecteurs[5], qui tous s’efforçaient de dérober aux commissaires patriotes le fatal secret, les précautions du Comité Municipal des subsistances, pour faire conduire les convois à l’École-Royale-Militaire, par des guides qui en ignoraient eux-mêmes la

  1. P. 8 du procès-verbal. (Note de Marat)
  2. Ibidem, p. 13. Notez que les mêmes opérations se font à l’abbaye Saint-Martin, et dans d’autres tripots, tant de Paris que des provinces. (Note de Marat)
  3. Les sieurs Vallery et Valette : pag. 5. (Note de Marat)
  4. Ibidem. (Note de Marat)
  5. Le sieur Perronet. (Note de Marat)