Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/307

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Elle a pris pour symbole un soleil radieux, et pour devise, cette modeste épigraphe : Invenit et perfecit ; non qu’elle ait jamais fait aucune découverte, ou qu’elle ait jamais rien perfectionné ; car il n’est sorti de son sein qu’une lourde collection de mémoires avortés[1], qui servent quelquefois à remplir un vide dans les grandes bibliothèques. En revanche, elle s’est assemblée 11 409 fois ; elle a publié 380 éloges, et elle a donné 3 956 approbations, tant sur de nouvelles recettes de fard, de pommades pour les cheveux, d’emplâtres pour les cors, d’onguents pour les punaises, que sur la forme la plus avantageuse des faux toupets, des têtes à perruque, des canules de seringue, et sur mille autres objets de pareille importance : travaux glorieux, bien faits pour nous consoler des sommes immenses qu’elle nous coûte annuellement.

Prise collectivement, elle doit être regardée comme une société d’hommes vains, très fiers de s’assembler deux fois par semaine, pour bavarder à leur aise sur les fleurs de lys : ou, si tu l’aimes mieux, comme une confrérie d’hommes médiocres, sachant peu de choses, et croyant tout savoir, livrés machinalement aux sciences, jugeant sur parole, hors d’état de rien approfondir, attachés par amour-propre aux anciennes opinions, et presque toujours brouillés avec le bon sens.

Elle est divisée en plusieurs classes, dont chacune se met sans façon au-dessus de toutes les autres, et fait bande à part.

Dans leurs séances publiques et particulières, ces classes ne manquent jamais de se donner réciproquement des marques d’ennui et de mépris. Il y a plaisir à voir les

  1. S’ils ont si peu de valeur pour le fond, ils en ont beaucoup pour la forme ; l’impression en est superbe, et la gravure magnifique. Dans le nombre, il est tel mémoire sur un simple ou un instrument complètement inutile, mais représenté sur tous les sens, dont les planches ont coûté cent pistoles. (Note de Marat)