Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/318

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Jaloux de vous prouver qu’il n’est pas indigne de votre confiance, permettez-lui de vous rappeler qu’il est encore sous le glaive de la tyrannie, pour vous avoir dévoilé les affreuses machinations de vos atroces ennemis.

Il vous a prédit que vos armées seraient conduites à la boucherie par leurs perfides généraux, et trois honteuses défaites ont signalé l’ouverture de la campagne ; il vous a prédit que les barrières du royaume seraient livrées à l’ennemi, et déjà l’ennemi s’est emparé pour la deuxième fois de la ville de Bavai ; il vous a prédit que la majorité pourrie de l’Assemblée Nationale trahirait éternellement la patrie, et la perfidie de ses deux derniers décrets, en mettant le comble à l’indignation publique, a enfin amené les cruels mais trop nécessaires événements de ce jour.

Il vous a prédit que vous seriez éternellement vendus par vos infidèles agents, les fonctionnaires, jusqu’à ce que vous fissiez couler le sang pour sauver la patrie, et vous venez de mettre le sceau à cette triste vérité.

Mes chers concitoyens, croyez-en un homme qui connaît toutes les intrigues et complots des complots, et qui, depuis trois années, n’a jamais cessé de veiller à votre salut.

La glorieuse journée du 10 août 1792 peut être décisive pour le triomphe de la liberté, si vous savez profiter de vos avantages. Un grand nombre des satellites du despote a mordu la poussière, vos implacables ennemis paraissent consternés, mais ils ne tarderont pas à revenir de leurs transes et à se relever plus terribles que jamais. Souvenez-vous de la procédure du Châtelet sur les événements des 5 et 6 octobre. Tremblez de vous laisser aller à la voix d’une fausse pitié. Après avoir versé votre sang pour tirer la patrie de l’abîme, tremblez de devenir les victimes de leurs sourdes menées, tremblez de vous voir arracher de vos couches dans les ténèbres de la nuit par une soldatesque féroce, et d’être jetés dans des cachots où vous serez abandonnés à votre désespoir, jusqu’à ce qu’ils vous fassent périr sur l’échafaud.