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Nous prévenons les administrateurs que l’on doit nous donner des renseignements des ouvriers qui ont travaillé aux cocardes chez ledit sieur Anglos.

— Citoyens, nous sommes trahis de toutes parts ; tous les projets désastreux de Lafayette sont renoués et poursuivis avec une ardeur opiniâtre. La levée du camp de Méaulde en est un exemple alarmant. Effectuée par les ordres de Labourdonnaye, de Moreton-Chabrillant[1], sans aucune raison d’utilité et de nécessité, elle ne l’a été que pour faire tomber entre les mains de l’ennemi nos magasins d’avoine et de fourrages dont il manquait absolument[2], faire égorger la faible garde qu’on y a laissée, découvrir le pays, morfondre les troupes qui s’y rendaient et qui n’ont plus retrouvé leurs bataillons.

Ce n’est pas tout. Maubeuge est investi, on en a retiré les troupes de ligne, et on n’y a laissé qu’un bataillon de volontaires.

Voyons leurs projets. On nous annonce chaque jour des succès brillants, on fait mille éloges de Dumouriez pour le populariser, on nous assure que nos armées réunies ont cerné les Prussiens ; le fait est que nous n’avons que peu de forces à leur opposer. Six cent mille gardes nationaux ont marché aux frontières, à peine s’y en trouve-t-il cent cinquante mille, encore la plupart mal armés. Que sont devenues ces immenses légions ? Le voici : au lieu de les organiser à Paris, on les a fait rejoindre en détail ; nombre

  1. Le citoyen Lapoipe assure que les ordres ont été donnés par le conseil de guerre, composé de Moreton, de Gelin, de Lamarlière, Beurnonville, et Malus, commissaire ordonnateur. (Note de Marat)
  2. Au lieu d’avoir commencé par mettre à couvert les magasins, on les a laissés sous une faible garde. À trois heures, on a levé le camp, en laissant 1 200 hommes pour défendre Saint-Amand ; deux heures après, on a retiré 900 hommes ; dans la nuit, les 300 hommes restants ont été massacrés, et 2 000 charriots d’avoine et de fourrage ont été enlevés. Faits certifiés par deux commissaires sur lesquels on peut faire fond. (Note de Marat)