Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/358

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de mauvais citoyens se sont enrôlés pour escroquer les quarante livres d’engagement. Nombre de bons citoyens ont été détournés sur les routes par des embaucheurs aristocrates ; nombre de volontaires ont été renvoyés chez eux par les généraux traîtres à la patrie ; enfin, nombre de scélérats déguisés en gardes nationaux ont passé à l’ennemi. C’est ainsi que nos armées se sont fondues.

Observez bien que le camp de Soissons est composé de douze mille recrues, dont quatre mille seulement sont en état de porter les armes et dont à peine six cents sont armés. N’oubliez pas que c’est l’infâme Chadelas qui en est le commandant, et le scélérat Dorly qui en est le commissaire. Ces scélérats disent aux volontaires : retournez dans vos foyers.

Observez bien encore que ce n’est que depuis trois jours que l’on commence à préparer les effets de campement de nos armées. Ainsi, jusqu’à ce jour nous avons été trahis par les ministres, les corps administratifs, les officiers généraux, les commissaires des guerres, et la majorité pourrie de l’Assemblée nationale, centre de toutes les trahisons. Nous le sommes actuellement par nos états-majors, et peut-être par le ministre de la guerre. Servan n’est-il qu’inepte ? C’est ce que je ne veux point décider encore.

Poursuivons :

L’horrible complot d’exterminer les amis de la liberté est renoué, il éclate de toutes parts. Enfanté dans les conciliabules nocturnes du royalisme expirant, il paraît avoir son foyer dans la commission extraordinaire et dans le cabinet du sieur Roland, ministre de l’intérieur ; il paraît étendre ses ramifications dans nos armées, dans les directoires de départements, dans les cliques aristocratiques des sections de la capitale ; il paraît se mûrir dans l’ombre du mystère, jusqu’à ce qu’il soit prêt à être consommé.

Amis de la patrie, suivez le fil de ces faits.

Pour consommer votre perte, il faut avant tout vous plonger dans une fatale sécurité, vous enlever vos défen-