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le charme de l’histoire

quelles il a été successivement élevé », etc. Dans l’allocution courte et simple que prononça Treilhard, on voit percer deux sentiments : le souvenir toujours amer des calomnies dont il avait été l’objet après sa chute du Directoire et contre lesquelles il protestait devant ses compatriotes ; l’émotion qu’il ressentait en revenant, avec tout le prestige de ses hautes fonctions, dans le pays qu’il avait quitté jadis, humble étudiant, et où continuaient à vivre, modestes et honorés, plusieurs membres de sa famille.

Dans ce jurisconsulte éminent, dans ce législateur sagace, l’homme privé était encore supérieur à l’homme public. J’ai eu entre les mains des archives précieuses que les petits-enfants de Treilhard m’ont communiquées avec la plus grande obligeance ; elles montrent combien son existence était restée simple et elles révèlent l’homme de bien.

Il écrit à son fils : « Tu rempliras ta mission avec honneur, parce que tu réunis à une grande justesse d’esprit la droiture du cœur et l’honnêteté de l’âme »… (8 novembre 1806) ; « Il faut se laisser aller aux événements et compter sur sa bonne fortune ; quand on a un peu vécu on a éprouvé que ce qu’on a le plus désiré a été nuisible, et que ce qu’on redoutait a été le principe du bien-être ; cette pensée m’a soutenu dans bien des occasions »… (7 février 1807) ; « Je me laisse