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le grand orient

matique contre le régime impérial. Je fus pour lui ce que l’on appelait alors « un échappé des anciens partis ».

Ce fut dans cette disposition d’esprit qu’il vint à la section de l’Intérieur le jour où je devais faire mon rapport.

Avant de me donner la parole, et comme pour prémunir la section contre ce que j’allais dire, M. Boinvilliers expliqua que l’affaire était très simple : il s’agissait de mettre le Grand Orient, dont le maréchal Magnan venait d’être nommé Grand Maître, en situation légale de contracter un emprunt. Tout le monde était d’accord. Il n’y avait pour le gouvernement que des avantages à consacrer par une mesure administrative l’harmonie qui existait entre la franc-maçonnerie et l’État, et l’on ne s’expliquait pas que le rapporteur, qui avait d’abord accepté le projet, eût tout à coup changé d’opinion. M. Boinvilliers laissait entendre que ce revirement ne pouvait être dû qu’à des influences extérieures. Je n’ai pas besoin de dire qu’en cela il se trompait.

Ce fut après ce préliminaire inusité que je dus prendre la parole. J’étais toujours très ému quand il me fallait parler. Naturellement je le fus plus qu’à l’ordinaire ce jour-là. Je dis cependant à peu près tout ce que j’avais l’intention de dire, grâce aux notes qui m’empêchaient de perdre le fil. Mais,