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les contes de perrault

Chose bizarre ! Ce dénouement plus fin, plus amusant et certainement plus moral que le dénouement populaire, satisfait moins l’esprit ! Il semble même moins vraisemblable ! Il sonne faux ; il détonne avec ce qui précède ; il n’est plus dans la convention du conte. Le lecteur se sent dérouté, et, comme l’enfant à qui l’on change un détail d’un récit déjà connu de lui, il est tenté de s’écrier : « Oh ! non, ce n’est pas cela ! »

C’est que les contes populaires ne sont dans la vérité du genre que quand ils reflètent les sentiments populaires ; ce n’est pas une allusion politique qu’on s’attend à y trouver. Celle-ci d’ailleurs est loin d’être sans intérêt pour nous qui étudions les contes de fées au point de vue historique plutôt encore qu’au point de vue littéraire. Elle n’est pas la seule que Perrault se soit amusé à glisser dans ses récits : ailleurs, il nous peint la princesse aimée de Riquet à la houppe « si sensée et si spirituelle que le roi se conduisait par ses avis, et allait même quelquefois tenir le conseil dans son appartement ». Perrault eut-il imaginé ce détail avant le règne de Mme  de Maintenon ?


Dans d’autres circonstances, ce n’est pas pour corriger la moralité du récit que Perrault inter-

    deux frères, le mousquetaire et le dragon, leur achète à tous deux des charges de capitaine.