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le charme de l’histoire

c’est la copie de l’amour là où n’est pas l’amour, et où cependant la vanité et la sensualité veulent, à défaut du bonheur, chercher du moins le plaisir.

« L’amour, tout agréable qu’il est, plaît encore plus par les manières dont il se montre que par lui-même » (501 ). Si nous comprenons bien ce qui se cache sous cette phrase un peu maniérée, ce n’est pas à l’amour qu’elle peut s’appliquer, mais à la comédie de l’amour.

« Un honnête homme peut être amoureux comme un fou, mais non comme un sot » (353). Oui, dans le commerce de la galanterie, où, n’aimant pas, on serait un sot de se laisser berner ; mais quand on aime, est-ce que l’on calcule encore ! Est-ce que l’on se préoccupe de la louange ou des railleries des hommes ? Les contemporains prétendent que dans cette maxime, La Rochefoucauld fait allusion à certaines péripéties de sa liaison avec : Mme de Longueville. S’il en est ainsi, Mme de Motteville et Mme de Sévigné le jugeaient bien lorsqu’elles écrivaient, la première : « Ce seigneur était peut-être plus intéressé qu’il n’était tendre » (Mémoires de Mme de Motteville, II, 275) ; la seconde : « Il allait,


    s’agit d’un marquis et d’une comtesse que l’auteur a montés sur les plus bas bourgeois, qui s’aiment, et qui ne peuvent se déterminer à le dire ! » — Celui qui, en 1740, écrivait ces lignes ne pouvait admettre qu’entre un marquis et une comtesse il pût exister autre chose que la comédie de l’amour. L’amour, avec ses timidités ou ses prudences, c’était bon pour les bas bourgeois ou les paysans !