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denys cochin

se chargea de les créer, et de faire face à la dépense. La dénomination de Salles d’asile, qui fut alors adoptée, répondait à cette idée. Cochin ne l’avait acceptée qu’à regret, parce que, disait-il, « elle ne présente pas assez nettement l’idée de l’éducation préparatoire que les enfants reçoivent accessoirement à l’hospitalité ». Il pouvait donc craindre que l’éducation, sacrifiée dans le nom, fût bientôt négligée dans le fait, et que les Salles d’asile, entretenues sur le budget des pauvres, administrées par des hommes que leurs habitudes portaient à s’occuper d’assistance plutôt que d’enseignement, fussent transformées en simples garderies ?

S’il vivait aujourd’hui, peut-être aurait-il une préoccupation bien différente. Les progrès de l’industrie, l’étude des questions sociales ont développé les idées dont la loi de 1833 était déjà l’expression, et ont mis en relief, avec l’importance de l’instruction primaire, la nécessité de l’intervention de l’État. Les Salles d’asile, depuis longtemps enlevées aux établissements de bienfaisance, sont devenues des Écoles maternelles, et cette fois encore la dénomination officielle est le signe de l’esprit de l’époque. Les autorités universitaires ne seront-elles pas tentées à leur tour de négliger, dans la double mission des salles d’asile, celle qui rentre le moins dans leurs préoccupations habituelles, celle que Cochin appelait l’hospitalité, et qu’il jugeait la