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granvelle aux pays-bas

Luthérien de naissance, Catholique avec Charles­ Quint, Calviniste contre Philippe II ; c’est lui qui, même dans ce siècle religieux et militaire, l’emportera sur ses rivaux ; prudent et avisé, plus maître de lui que le bouillant Egmont, il saura ne pas mourir avant d’avoir vaincu.

M. Wiesener trace tous ces portraits de main de maître, avec un grand bonheur d’expression. Il ne s’attarde pas à des récits de batailles ou de négociations diplomatiques ; il fait revivre devant nos yeux les hommes et les peuples. Peindre les mœurs, les idées, les préjugés d’une nation ou d’un siècle ; montrer les grands caractères aux prises avec de grands événements on avec de grandes passions, n’est-ce pas la plus haute mission, le plus grand attrait de l’histoire ? La vérité sur un détail de fait a-t-elle autant d’importance pour la postérité, autant d’intérêt et de charme pour le lecteur, que ces vivants tableaux des temps qui ne sont plus, qui, en s’écoulant, ont préparé le temps présent et qui nous aident à pressentir le mystérieux avenir ? Heureux l’historien qui, comme M. Wiesener, sait également rétablir l’exactitude des détails, présenter à grands traits la physionomie générale d’une époque et mettre en relief, par des traits vigoureux et incisifs, l’action exercée par chacun des personnages qui y ont joué un rôle et dont le nom mérite d’être retenu !