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le charme de l’histoire

un mouvement d’idées qui commençaient à peine à se dessiner, et dont les conséquences étaient encore enveloppées dans les brumes de l’avenir. Ces conséquences, nous les connaissons maintenant et nous en avons oublié les causes : voilà ce qui rend si intéressants pour nous les correspondances et les mémoires écrits jadis au jour le jour. Qui de nous, au milieu de la complexité de notre histoire contemporaine, ne s’est écrié : — « Comment cela finira-t-il ? Que deviendra tel ou tel personnage ? » Je me rappelle qu’en 1848, pendant ces luttes passionnées entre la Révolution menaçante et la Société qui cherchait à reprendre son équilibre, un vieillard me disait : « — Ce qui me désole, c’est que je mourrai avant de savoir la fin de tout ceci ». — Hé bien ! la fin des événements qui se passaient en 1740 et dont les lettres de Dubuisson nous déroulent chaque mois le tableau pris sur le fait, nous la connaissons ; nous savons ce que devint plus tard ce jeune roi adoré de ses sujets, qui ne le blâmaient alors de trop aimer la chasse et les petits soupers que quand ils craignaient que sa santé n’en fût compromise ; comment s’est effondrée cette Société si fière de sa noblesse, de sa bravoure, de son esprit et de ses plaisirs ; combien peu d’années la France a conservé les fruits de la politique modeste de ce vieux et sage cardinal de Fleury, qui rétablissait nos finances et nous donnait la Lorraine, et dont