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sabine

Mégissier. L’archevêque, furieux, fit mander le curé par un exprès ; le préfet, averti, agit aussi rapidement envers Raimbaut. On apprit dans la soirée la destitution du curé et du conseiller. Les électeurs, exaspérés, voulaient mettre à sac la propriété du futur député ; le maire dut réclamer quelques soldats pour la protéger.

— Où donc est mon mari ? demandait Sabine à Annette, qu’elle rencontra revenant d’alimenter les haines.

— Personne ne le sait, Madame, riposta sèchement la sainte fille.

— Personne ?… répéta Sabine d’un air superbe : personne ?

Elle l’attendit vainement, et comprit enfin qu’elle venait de perdre une terrible partie ; en voyant sa maison entourée de soldats, elle se pencha à la fenêtre.

— Est-ce qu’on réclame ma tête ? interrogea-t-elle avec hauteur.

— Nous sommes venus, au contraire, Madame, pour la défendre, répondit le capitaine de gendarmerie en portant la main à son bonnet à poil.

— C’est différent, répliqua-t-elle ; voulez-vous me faire l’honneur de monter un instant, capitaine ?

Le capitaine accéda immédiatement à ce désir, et, en peu de mots, démontra à Sabine la nécessité d’un départ, car on ne savait ce qu’était devenu son mari, et la foule des paysans en délire, surexcitée