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sabine


XI


Le scandale que causait à Paris le don des fausses reliques s’attachait particulièrement à Sabine ; on réussissait enfin à l’en couvrir comme d’une lèpre ; mais sa réinstallation à l’avenue Frochot, la hardiesse de sa démarche, l’air menaçant de Duvicquet lorsqu’il sortait avec sa pupille, n’étaient pas de nature à rassurer les enquêteurs. Renée avait jugé à propos de partir immédiatement pour La Châtre, comptant visiter l’une après l’autre les autorités constituées. Dans les gosiers des membres du parquet et des policiers grouillaient des menaces, et pourtant l’on ne commençait aucun procès, on voulait voir se dessiner le caractère de Mme Raimbaut. Depuis le jour où, selon son expression, elle s’intronisait, grâce à son mariage, dans l’acajou chéri des bourgeois, depuis le jour où son mari lui ordonnait de revêtir cet aspect morne des femmes bien élevées auxquelles on répète dès leur enfance :

— N’ayez pas l’air de vous amuser, car s’amuser c’est manquer de tenue… — Sabine se demandait très sérieusement lequel du passé ou du présent l’emporterait. Sa nature tenace et entêtée se trouvait en