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sabine


VIII


Cette nuit-là M. Raimbaut avait entendu des pas dans la chambre de Duvicquet ; ému d’un pressentiment vague, il songeait :

— Est-ce que cette marquise de Mansoury m’aurait écrit la vérité ? Est-ce que je suis une dupe ? — Quelle bêtise ! Ce n’est pas Duvicquet qui lui plairait, et quand elle cause avec lui à des heures pareilles, ce n’est assurément pas d’amour.

Ce qu’il ne s’avouait pas, c’est qu’un désir éperdu de posséder Sabine le gagnait à son tour. Ses reins hennissaient vers elle. Il la cherchait dans le vide des draps. Non, elle se refusait depuis trop longtemps. Elle inventait sans cesse de nouveaux prétextes pour ne point lui céder. Il fallait que cela finît ; une anxiété indéfinie pesait lourde en son cerveau. Il se leva. Une oppression singulière le saisit. Il lui semblait que si sa femme était entrée, lui si grave, si peu démonstratif, il l’aurait follement serrée dans ses bras. Décidé à brusquer la situation, il prit à la hâte son pantalon, endossa un veston de laine et sortit de chez lui. Sans