Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

300
sabine


XI


Ce n’était pas un ciel violemment enluminé, « blaguant la mort » comme une farce faubourienne, que celui qui s’élevait cette après-midi-là pour Henri Duvicquet, se rendant à la Bourse… C’était au contraire un ciel bas, battu de nuées tendant à s’abaisser encore sur la tête du marcheur. La silhouette sèche d’un bâtiment en construction au coin du boulevard et de la rue de Grammont jetait ses perches roides, allongées ou couchées en travers du chemin. Cela ressemblait à ces figures géométriques, qui arrêtent parfois au passage les jeux fatalistes d’un rêveur aimant à chercher l’arrêt de la destinée dans la projection bizarre des lignes.

Cependant, à l’horizon, des tons bleus apparaissaient comme enfermés dans les cases de ce châssis de bois, tout prêts à vibrer tièdes et chauds ; mais l’uniformité triste du ciel boulevardier emportait, noyait ce coin exquis. Aucune poussée vigoureuse de clarté n’enlevait le marcheur à son asphalte ; et, pourtant il tâchait d’alléger son allure. En passant sous cette nappe de vapeurs grises, ces toits qui lui bornaient l’étendue, ces coins de fenêtre perdus au cinquième