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sabine

barrière de bois ; mais, à sa grande surprise, Arroukba arrivait près de lui, regardant sans effroi l’exécution de cet acte des plus ordinaires dans les mœurs domestiques du harem. Devant sa paisible attitude, il resta confondu. Ce fut elle qui lui dit tout bas :

Hada el ajar en neg’emu, enherbu, sa à. — C’est la fin, nous pourrons nous sauver tout à l’heure.

Or, le « rez-de-chaussée » de chacune de ces dames se détachait très isolément sous le bras gauche des eunuques. — Arroukba recommençait à expliquer à Henri que c’était une coutume dans la discipline du sérail, lorsque les femmes en violaient les lois. Henri n’en pouvait croire ses yeux, et il restait là, cloué, absolument stupide, comprenant vaguement que l’intendant d’Ibrahim ne se montrait si rigoureux que par suite de la découverte que l’on venait de faire de son sexe d’homme. Il n’y a pas déjà si longtemps, pensait-il, que deux ou trois des plus jeunes de cette bande-là auraient pu être exposées publiquement sur une place du Caire ou jetées à l’eau pour avoir été convaincues de conversation criminelle avec moi. Les exécutions secrètes ne sont pas abrogées. Ibrahim se montre encore un modéré parmi ce tas de sauvages ; car, enfin, le mari est toujours maître absolu quand il a acheté une jeune fille, et si elles en sont quittes pour payer de cette façon une pareille escapade, il paraît que leur désobéissance a été taxée de simple légèreté.

— Miséricorde ! songea tout à coup Duvicquet.