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sabine


II


Cinq jours après l’envoi de la lettre précédente, M. Henri Duvicquet, assis au coin de la cheminée de son salon, essayait de lire un journal, non sans lancer un coup d’œil furtif à Mlle Sabine, étendue au fond de la pièce sur un canapé. La brouille légère survenue entre le tuteur et la pupille semblait n’être point terminée encore vers dix heures. Le dîner s’était passé silencieusement. Mlle Sabine, empruntant l’attitude d’une jeune déesse offensée, décidée à ne pas pardonner si vite que cela, avait offert le thé à son tuteur en s’abstenant d’en boire avec lui. M. Henri Duvicquet, affectant la plus nonchalante insouciance, paraissait s’acharner à fumer une pipe orientale qu’il oubliait de tirer. La pendule marquait dix heures et demie. Les gens de service venaient de se retirer, en domestiques qui prennent leurs aises. Sabine gardait toujours un silence gros de ressentiments.

Ce salon d’artiste, situé au premier étage d’une maison fermée par une grille et non loin d’un des anciens ateliers du peintre, donnait sur un de ces petits jardins qui ont rendu l’avenue Frochot un