Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

52
sabine

Sérigny ? murmura-t-il en marquant plus d’émotion que de surprise, ayant des raisons de soupçonner le but de cette visite. Je l’avais crue rivée là-bas.

— Moi aussi, répliqua gaiement la nouvelle arrivée ; mais comme vous me menaciez de rester encore une autre année sans m’octroyer votre présence, j’ai pensé que, puisque l’ingratitude était de votre côté, la magnanimité devait passer du mien, et j’arrive.

— Attends que je t’enlève ton chapeau et ta houppelande de berger pour mieux te voir, interrompit Sabine qui ne tenait pas en place et tournait autour de Renée, prise d’une joie folle.

— Tout à l’heure ! laisse-moi m’approcher du feu. Eh bien ! de quoi parliez-vous pendant que je complotais de vous surprendre ? ce n’était pas de moi, certainement ?

— Nous nous disputions, fit gravement Sabine.

— On devient intolérable, ajouta Duvicquet, profondément heureux d’être forcé de parler à sa pupille.

— Je meurs à la peine, déclara la jeune fille.

— C’est-à-dire qu’il n’y aurait plus qu’à fuir la maison, recommença le peintre.

— Poursuivez, poursuivez, répliqua Renée sans s’émouvoir. Ah çà, mais on gèle, ici !

— C’est la faute de mon tuteur. Il est de si mauvaise humeur qu’on n’ose plus ouvrir ni fermer la porte du salon.

— À ce point ? répéta railleusement Mme de Sérigny.