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sabine

âge chanté par Balzac, où les prudes se réveillent, dit-on, courtisanes. Duvicquet songeait aux détails du musée secret qui se dérobait sous cette robe de drap bleuté, et peut-être souhaitait-il lui rendre visite. Quoique sa contenance fût calme, sa pensée trouvait des points d’appui jusque dans ce foyer, où le tronc noueux et sec qui brûlait évoquait l’image des anciennes rafales qui avaient passé sur eux comme sur l’arbre mort en train de se consumer là, sous leurs regards. Henri, en qui s’accentuaient davantage chaque année les racines saillantes des souvenirs qu’il revivait, s’était emparé de la taille, toujours haute, toujours indéviable, de celle qu’il ne retrouvait jamais sans vertige. Encouragé par cette douceur, par cette attitude de femme si rarement fléchissante aux sollicitations, il appuya la paume de la main de Renée contre sa bouche, et la chaleur de son haleine courut le long du bras de Mme de Sérigny. La pression dont il l’étreignit ne dura qu’une seconde ; une pesée de fluide débordant des membres du peintre envahit ceux de Renée, que la chaleur du feu grisait légèrement. Elle consentit pourtant à lui rendre cette muette caresse pour se détourner ensuite rapidement. — Mais, comme elle allait quitter le salon, Sabine accourut enfin, ayant une lanterne de couleur qu’elle levait très en l’air, comiquement, comme lui eût fallu guider Mme de Sérigny à travers de ténébreux chemins. — En même temps, feignant d’avoir derrière elle une troupe de domestiques, la jeune fille cria superbement et à la cantonade :