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sabine

— L’opinion ? je la traiterai comme on traite une tante de province, pour laquelle on ôte les housses de son salon, afin qu’elle ne remarque pas sur les fauteuils les reins moulés en creux des amants de sa nièce, et qui s’en retourne à son clocher, en proclamant ses vaartus.

All right, murmura-t-il, en la contemplant. Puis empruntant tout à coup un accent bonhomme :

— Chère petite, je vois que nous ne prendrons pas trop au sérieux le mari un peu mûr, et la vieille maison ?

À quoi elle s’était empressée de répondre :

— Oh ! soyez tranquille, monsieur, il n’y a pas de danger que je prenne jamais rien trop au sérieux.

Débarrassé de ces vaines et banales formules de serments échangés entre fiancés, ce mariage prenait décidément Raimbaut par les apparences excentriques qu’il revêtait. En général, et dans la situation de sa fiancée, les jeunes filles ne se montraient-elles pas prodigues d’aveux ? Celle qui se dispensait d’en faire ne valait-elle pas cent fois mieux ? L’enfant gâtée de Renée raisonnait juste : elle était à prendre ou à laisser, mais on la prenait vite. Assez fat pour ne point s’effrayer de ce qu’il regardait comme la verve d’une fillette émancipée, Raimbaut s’engageait confiant, ne doutant point qu’il n’eût raison de ces soubresauts de caractère qui, un instant, l’avaient fait réfléchir. Il ne voyait rien dans ces yeux inquiets, dans cette continuelle contraction de deux sourcils en train de se