En rage de passion mes tremblements timides
Quand tu fixes sur moi tes prunelles humides.
Les feux de tes yeux noirs viennent brûler mon cœur.
Abattu par le sort, ils me rendent vainqueur :
Je crois à mon pouvoir, malgré mon impuissance.
Mourir entre tes bras serait ma jouissance !
Nous pâmer tous les deux à ne plus rien sentir !
Nous verser dans la Mort à nous anéantir,
Dans le profond oubli jeter toutes nos larmes,
Tous nos rires oisifs et nos vaines alarmes,
Nous flétrir au tombeau, nos deux corps enlacés,
Et nos derniers baisers sur nos lèvres tracés,
Abandonner nos chairs à la Terre qui passe,
Et nous perdre en dehors du Temps et de l’Espace !
Sundâri, abîmée dans sa réflexion, reste immobile, contemplant fixement le Feu sans le voir.
Enfants, écoutez-moi. Le gouffre va s’ouvrir.
Vous allez bientôt voir ce que c’est de mourir.
Je vais vous dévorer dans mes flammes avides
Où vous ne laisserez qu’un corps, des cendres vides.
Vous irez au Néant dans mon feu rutilant,
Vous vaporisant à son flamboiement brillant.
Votre âme montera, sautillante buée,
Comme une vaporeuse et candide nuée,
Pour se mêler à l’Etre éternel, au grand Tout
Dont nous sommes des brins éparpillés partout.
Sundâri, nous quittons les terrestres extases,
Nos âmes vont passer par de nouvelles phases.
Au moment de mourir — as-tu quelque secret ?
Je t’aime, Kumâra, voilà tout mon regret