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AMMIEN MARCELLIN.

Les treize premiers livres manquent.

LIVRE XIV.
SOMMAIRE DES CHAPITRES.

I. Caractère odieux de César Gallus. II. Irruption des Isauriens. III. Tentative avortée des Perses. IV. Incursions des Sarrasins. Leurs mœurs. V. Supplices des partisans de Magnence. VI. Corruption du sénat et du peuple romain. VII. Barbarie et fureurs de Gallus. VIII. Description des provinces d’Orient. IX. Nouvelles cruautés de César Gallus. X. Constance donne la paix aux Allemands, qui l’implorent. XI. Gallus est mandé par l’empereur, et décapité.

An 359 ap. J.-C.)

I. On avait traversé les hasards d’une lutte interminable, et l’abattement s’emparait des deux partis après cette succession terrible d’efforts et de périls. Mais les sons de la trompette n’avaient pas cessé, les troupes n’étaient pas rentrées dans leurs cantonnements, que déjà le courroux non désarmé de la fortune ouvrait à l’État une série nouvelle de calamités, par les forfaits du César Gallus. D’un excès d’abaissement monté bien jeune encore, et par un retour inespéré du sort, au plus haut rang après le rang suprême, ce prince franchit bientôt les limites du pouvoir qui lui était confié, et souilla toute son administration par des actes d’une cruauté sauvage. L’éclat d’une parenté avec la famille impériale, rehaussé du nom de Constance, dont il venait d’être décoré, exaltait au plus haut degré son arrogance, et il était visible pour tous que la force seule lui manquait pour porter ses fureurs jusqu’à l’auteur même de son élévation. Sa femme, par ses conseils, irritait encore ses féroces instincts. Fille de Constantin, qui l’avait, en premières noces, mariée au roi Annibalien, son neveu, elle était démesurément enorgueillie d’appeler l’empereur régnant son frère. C’était Mégère incarnée : non moins altérée que son mari du sang humain, sans cesse elle excitait son penchant à le répandre.

L’âge chez un tel couple ne fit que développer de plus en plus la science du mal. Il s’était organisé une police ténébreuse, composée des agents les plus perfidement habiles à tout envenimer dans des rapports de complaisance ; et c’était par ces sourdes manœuvres que les accusations de se livrer à la magie ou de prétendre au trône allaient frapper les têtes les plus innocentes. La soudaine catastrophe de Clémace, personnage éminent d’Alexandrie, marque surtout l’essor d’une tyrannie qui ne s’arrête plus aux crimes vulgaires. La belle-mère de ce dernier, éprise, dit-on, pour lui