Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/259

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capitale de la Bithynie. Là, dans un conseil tenu par les pouvoirs civils et militaires que cette grave circonstance avait réunis, et où plus d’une ambition devait se trouver déçue, on allait solennellement délibérer sur le choix du plus digne d’occuper l’empire.

(4) Le nom d’Équitius, tribun de la première école des scutaires, prononcé par quelques voix timides, fut aussitôt rejeté par les membres influents de l’assemblée, à qui cet officier déplaisait par ses formes acerbes et peu civiles. Des suffrages se portèrent aussi sur Janvier, parent de Jovien, et qui remplissait alors les fonctions d’intendant en Illyrie.

(5) Mais l’éloignement où il se trouvait fut jugé un obstacle, et soudain, comme par une inspiration de la Providence, Valentinien fut élu, sans qu’une seule voix protestât contre un choix si digne et si convenable. Valentinien était chef de la seconde école des scutaires, et Jovien l’avait laissé à Ancyre, avec ordre de le rejoindre sous peu. L’approbation universelle ayant salué son élection comme un acte de bien publie, on députa vers lui pour presser son arrivée. Il y eut cependant un interrègne de dix jours, qui réalisa la prédiction faite à Rome sur l’inspection des entrailles des victimes par l’haruspice Marcus.

(6) Pendant ce temps, Équitius, secondé par Léon, alors agent comptable militaire sous Dagalaif, maître de la cavalerie, et depuis maître des offices, de sanguinaire mémoire, avait l’œil sur toute manifestation contraire, et s’appliquait surtout à empêcher l’inconstante faveur du soldat de se porter sur quelque prétendant plus à portée. Pannoniens tous deux, et conséquemment fauteurs naturels de l’intérêt du prince désigné, Équitius et Léon ne s’épargnèrent pas à travailler en ce sens l’esprit de l’armée.

(7) Valentinien s’empressa de déférer à l’invitation ; mais averti, dit-on, par des présages et des songes, il ne voulut ni sortir ni se laisser voir le lendemain de son arrivée, qui se trouvait être l’intercalaire du mois de février d’une année bissextile, jour qu’il savait être réputé néfaste chez les Romains. Je vais expliquer ce qu’on entend. par bissexte.

(8) D’anciens astronomes, dont les plus éminents sont Méton, Euctémon, Hipparque et Archimède, ont défini l’année le retour du soleil au même point, après qu’il a parcouru, obéissant à l’une des grandes lois de la nature, tous les signes du cercle, appelé zodiaque par les Grecs, en trois cent soixante-cinq jours et autant de nuits ; de sorte que partant, je suppose, du second degré du Bélier, il s’y trouve exactement ramené, sa révolution étant accomplie.

(9) Mais en réalité la période solaire, qui doit se terminer à midi, ne se complète qu’en six heures de plus que ce nombre de jours. L’année qui suit, commençant donc à la sixième heure du jour, ne sera révolue qu’à la première de nuit. La troisième se comptera de la première veille à la sixième heure de nuit, et la quatrième, de minuit à la première heure de lumière.

(10) Or ce comput, qui, à cause des variations du point de départ dans une succession seulement de quatre années, se trouve être tantôt à midi, tantôt à minuit, tend à troubler la division scientifique du temps, et à faire ultérieurement, dans un moment donné, arriver les mois d’automne, par exemple, dans la saison printanière. Pour remédier