Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Chapitre I

(1) Tandis que le roi de Perse remuait tout en Orient, et y ressuscitait ainsi la guerre par ses intrigues, les massacres du temps de Népotien recommençaient, plus de seize ans après sa mort tragique, à ensanglanter la ville éternelle. Une étincelle suffit pour allumer cet incendie ; et mieux vaudrait peut-être pour empêcher le retour d’atrocités semblables les ensevelir dans un éternel oubli. La contagion de l’exemple est plus à redouter que le mal lui-même.

(2) Mais, bien que j’aperçoive plus d’un danger à m’arrêter trop longtemps sur ces scènes d’horreur, d’un autre côté le bon sens de l’époque actuelle me rassure. Je me crois donc autorisé à extraire de la masse des faits ceux du moins qui méritent une place dans l’histoire. On me permettra cependant de montrer par une anecdote à quoi s’exposait un auteur dans les temps anciens en retraçant des peintures de ce genre.

(3) Les Perses dans la première période de leur grande lutte contre la Grèce, avaient réuni toutes leurs forces pour accabler la ville de Milet. Les habitants, réduits au désespoir, et n’ayant pour perspective que la mort au milieu des supplices, réunirent en monceau leurs effets mobiliers, y mirent le feu, après avoir égorgé tout ce qui leur était cher, et finalement se précipitèrent tous à l’envi dans ce bûcher de la patrie expirante.

(4) Le poète Phrynicus composa sur ce sujet une tragédie qui fut représentée sur le théâtre d’Athènes, et d’abord écoutée avec faveur. Mais le drame devenant de plus en plus lamentable, l’exposé de pareilles douleurs parut dépasser la mesure des convenances de la scène. Au lieu d’un hommage à la mémoire de cette charmante cité, on n’y vit plus, sous les voiles de l’allusion, qu’une satire insultante de l’abandon où l’avait laissée la métropole. Milet effectivement, était une colonie d’Athènes, fondée en Ionie par Nilée, fils de ce Codrus qui se dévoua pour sa patrie dans la guerre dorique.

(5) Revenons à notre sujet. Maximin, qu’on a vu investi de la vice-préfecture