Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/308

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d’une liaison de jeu (noble communauté de travaux !) en fait de constance, en fait de chaleur. Vous ne rencontrez que là de ces affections tendres, de ces couples dont l’union vous rappelle les frères Quintilius. Aussi quelle idée n’a-t-on pas de soi quand on compte parmi les initiés de cette science ? Que le plus intime de ceux-là soit obligé dans un festin de céder la préséance à un proconsul, voyez quelle majestueuse bouderie ! Caton, repoussé de la préture contre toute vraisemblance, ne se renfermait pas autrement dans sa dignité blessée.

(22) D’autres s’attachent à exploiter quiconque a de la fortune. Jeune, vieux, célibataire, ou sans famille, peu importe ; eût-il même femme et enfants, tout leur est bon. Il n’est pas de prestige qui ne soit mis en œuvre pour faire arriver un testament en leur faveur. Enfin leur homme s’exécute, et les a fait légataires de son bien : zest, le voilà qui trépasse, comme s’il n’eût attendu que cela pour mourir. LACUNE

(23) Celui-ci vient d’obtenir un poste assez mince. Comme il se guinde ! quelle roideur dans sa démarche ! Il ne voit plus ses connaissances que de haut en bas : on dirait Marcellus revenant vainqueur après la chute de Syracuse.

(24) Tel nie l’existence des pouvoirs célestes, qui ne se hasarderait pas à sortir de chez lui, ni à se mettre à table, ni à prendre un bain, sans avoir bien consulté son calendrier. Ne faut-il pas déterminer au préalable l’exacte position de la planète de Mercure ? savoir à quel degré se trouve en ce moment la lune dans le signe du Cancer ?

(25) Tel autre, excédé d’un créancier qui le presse, s’en va trouver un cocher, l’effronterie personnifiée, et l’endoctrine pour lui faire intenter à son importun une accusation de maléfice. Voilà un homme bien empêché, obligé de donner caution, au grand détriment de sa bourse. Ce n’est pas tout. De créancier devenu débiteur fictif ; il est mis sous la clef comme débiteur réel, et ne se tire de là qu’en donnant quittance.

(26) Là c’est une femme qui, à force de battre l’enclume jour et nuit, comme dit un vieux proverbe, amène enfin son mari à faire son testament. L’époux, de son côté, n’a pas un moindre empressement pour faire tester sa femme. On mande les hommes de loi de part et d’autre. Et voilà réciproquement les deux praticiens à l’œuvre en sens inverse, l’un dans la chambre à coucher, l’autre dans la salle où l’on mange. On ne manque pas non plus, à la sourdine, de recourir à la divination par les entrailles des animaux. Le sort n’est guère uniforme dans ses réponses. Il s’agit pour l’époux de préfectures à choisir, de décès de femmes nobles et riches ; pour la femme, de dispositions qui pressent pour les obsèques d’un mari. LACUNE. Cicéron dit vrai : "On n’estime les choses de ce monde que par ce qu’elles rapportent. L’ami qu’on préfère est celui dont on peut tirer le plus."

(27) Noble qui emprunte chausse le brodequin ; c’est la bonhomie, l’humilité même : Micon ou Lachès ne parleraient pas autrement. Est- il question de rendre ? on reprend le cothurne. La voix est montée au diapason des Héraclides : c’est Téménos ou Cresphonte tonnant sur la scène.

(28) Assez des patriciens. Passons au peuple, cet