Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/316

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Chapitre I

(1) L’hiver venait de finir, et le roi Sapor, enflé de ses précédents succès, après avoir comblé les vides de son armée et largement pourvu à son équipement et à sa subsistance, s’empressa d’ouvrir la campagne à la tête de ses cataphractes, de ses archers et d’autres troupes à sa solde.

(2) Le comte Trajan et Vadomaire, ex-roi des Alamans, conduisirent contre lui des forces imposantes ; mais leurs instructions leur prescrivaient, sur toute chose, de s’en tenir à la défensive.

(3) En conséquence, arrivés à Vagabanta, où ils furent vivement attaqués, ils durent refuser la bataille et manœuvrer en arrière, évitant avec soin l’effusion du sang ennemi, afin que la violation du traité ne pût leur être imputée. Mais, contraints finalement d’accepter le combat, ils firent beaucoup de mal aux Perses, et la victoire leur resta.

(4) Le reste de la saison se passa, de part et d’autre, à escarmoucher avec des succès divers. Une trêve fut enfin conclue d’un commun accord, et les deux rois, sans cesser de se considérer comme étant sur le pied de guerre, quittèrent chacun de son côté l’armée. Sapor alla hiverner à Ctésiphon, et Valens revint à Antioche. Là, tandis qu’il se reposait sans crainte du dehors, il fut au moment, comme on va le voir, de succomber sous les atteintes d’ennemis de l’intérieur.

(5) Fortunatien, trésorier du domaine privé, dirigeait, à ce titre, des répétitions très fondées contre les intendants Anatole et Spudase. Un nommé Procope, esprit inquiet et brouillon, leur mit en tête de chercher à se défaire de ce surveillant incommode. Fortunatien fut instruit de leurs menées. C’était un caractère violent, habitué à pousser les choses à l’extrême. Au lieu de se renfermer dans le cercle de son autorité, il livre aussitôt à la juridiction du préfet du prétoire un certain Pallade, homme de bas étage, soupçonné par lui d’être l’empoisonneur à gages de ses ennemis, et le tireur d’horoscope Héliodore. Il pensait arracher à ces deux individus, par la torture, l’aveu de quelque tentative contre ses jours.

(6) La question est donc appliquée à ceux-ci avec rigueur. Mais, au