Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/330

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de nos étendards, et surtout de la martiale figure de Théodose, il s’élança de cheval, et, se prosternant presque jusqu’à terre, confessa ses torts les larmes aux yeux, et implora son pardon et la paix.

(16) Théodose, mu par le seul intérêt de l’empire, le relève, l’embrasse, et, lui donnant ainsi confiance, en obtint des vivres. Firmus livre pour otages un certain nombre de ses parents, et se retire plein d’espoir, promettant de rendre tous les prisonniers tombés entre ses mains dans les premiers moments de la révolte. Deux jours après, ainsi qu’il eu était convenu, il remit, à la première injonction, la ville d’Icosium, dont nous avons plus haut fait connaître les fondateurs, et restitua en même temps les enseignes, la couronne sacerdotale, et tout le butin qu’il avait fait.

(17) Théodose, après une longue marche, fit son entrée dans la ville de Tipasa, où il fit cette fière réponse aux députés des Mazices, qui, s’étant coalisés avec Firmus, demandaient en suppliant leur pardon : "Sous peu j’irai vous demander raison de votre conduite déloyale."

(18) Il les renvoya tout tremblants sous l’impression de cette menace. De là il se rendit à Césarée, noble et opulente cité jadis, et dont nous avons également indiqué l’origine dans notre description de l’Afrique ; alors presque réduite en cendres, et n’offrant plus guère que des décombres déjà couverts de mousse. Il y établit la première et la seconde légion, avec ordre d’en déblayer les ruines, et de la protéger contre toute nouvelle insulte des barbares.

(19) Au bruit de ces succès, les principaux fonctionnaires provinciaux et le tribun Vincent quittèrent avec empressement les retraites où ils s’étaient tenus cachés, et vinrent rejoindre à Césarée le général, qui leur fit le meilleur accueil. Il acquit, avant son départ de cette ville, la certitude de l’hypocrisie de Firmus, qui, sous le masque de la soumission et de l’humilité, cachait le projet de tomber sur l’armée comme la foudre, au moment où elle serait le moins préparée à cette agression.

(20) Sur cet avis, Théodose évacua Césarée et vint occuper la petite ville de Sugabar, située à mi-côte du mont Transcellensis. Il s’y trouvait des archers de la quatrième cohorte, qui avaient combattu dans les rangs du rebelle. Le général fit preuve d’indulgence en se contentant de les dégrader et de les renvoyer à Tigavia, où il relégua également une partie de l’infanterie constantienne avec ses tribuns, l’un desquels avait placé son collier, en guise de diadème, sur la tête de Firmus.

(21) Sur ces entrefaites arrivèrent Gildon et Maxime, amenant avec eux Belles, l’un des principaux Mazives, et le préfet Férice, qui tous deux avaient fait cause commune avec l’auteur des troubles (LACUNE).

(22) L’ordre fut exécuté ; et à son lever, comme le jour venait de paraître, Théodose vit les coupables gardés au milieu des rangs. S’adressant alors à l’armée : "Mes amis, s’écria-t-il, que méritent, à votre avis, les traîtres que vous voyez ? " Déférant ensuite au cri général qui demandait leur mort, il livra, selon l’antique usage, les déserteurs constantiens aux glaives des soldats. Quant aux archers, leurs chefs eurent les