Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/332

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l’épaisse nuée d’ennemis qui l’environnait s’ouvrit à l’approche d’un corps d’auxiliaires mazices précédés de quelques soldats romains, et laissa passer nos bataillons enfermés.

(31) Théodose put ainsi gagner sans être entamé le domaine de Mazuca, où il fit encore un exemple de quelques déserteurs. Les uns furent brûlés vifs ; les autres eurent, comme les archers, les mains coupées. Au mois de février suivant, il était sous les murs de Tipasa.

(32) Il occupa longtemps cette position, où il mit en œuvre une tactique qui rappelle celle de Fabius le Temporiseur ; éludant sans cesse tout engagement sérieux avec un ennemi terrible par son acharnement et son adresse aux armes de trait, et attendant le moment de tomber dessus avec avantage.

(33) D’habiles émissaires pendant ce temps parcouraient en son nom le pays des Baiures, des Cantauriens, des Avastomates, des Cafaves, des Bavares et autres tribus circonvoisines, employant, pour obtenir leur concours tantôt l’argent, tantôt les menaces, et tantôt la promesse du pardon des excès précédemment commis (LACUNE), procédé employé avec succès par Pompée contre Mithridate.

(34) Firmus vit alors sa perte imminente ; et, ne se fiant plus dans la protection de ses nombreuses forteresses, il abandonna les salariés qu’il avait réunis à force d’argent, pour chercher, à la faveur de la nuit, un refuge dans les gorges inaccessibles des monts Caprariens.

(35) Sa disparition entraîna la dispersion de son monde, et la prise par les nôtres de son camp, qui fut pillé. Tout ce qui fit résistance fut passé au fil de l’épée ou fait prisonnier, et le pays fut dévasté dans une grande étendue. Le prudent vainqueur, à mesure qu’il traversait le territoire d’une tribu, avait soin d’y laisser derrière lui l’autorité dans des mains sûres.

(36) Cette poursuite obstinée, qu’il était loin d’avoir prévu, mit le comble aux terreurs du rebelle. Il s’enfuit encore, à peine accompagné, faisant à son salut le sacrifice de ses précieux bagages. Sa femme, épuisée par les fatigues de cette vie errante (LACUNE).

(37) Théodose ne fit de quartier à aucun de ceux qui tombèrent entre ses mains. Ses troupes se trouvant ranimées par le payement de leur solde et par un meilleur régime de nourriture, il battit sans peine les Caprariens et les Abannes leurs voisins, et atteignit rapidement la ville de (LACUNE). Il y apprit par des avis sûrs que l’ennemi avait pris position sur des crêtes entourées de précipices, et où l’on ne pouvait aborder sans une connaissance des localités, acquise de longue main. Il se vit donc contraint de rétrograder ; et les barbares profitèrent de ce court répit pour tirer des renforts considérables des peuplades éthiopiennes limitrophes.

(38) Ils vinrent alors se ruer tête baissée sur les nôtres. L’aspect de ces masses formidables imposa un moment à Théodose, qui d’abord battit en retraite. Mais il ne tarda pas à reprendre l’offensive ; et, après avoir assuré les subsistances de ses troupes, il les ramena au combat, brandissant leurs armes d’un air terrible.

(39) Déjà quelques manipules s’élançaient avec fureur, bravant l’effroyable retentissement de la marche des colonnes ennemies, et frappant, pour y répondre, du bouclier sur le genou. Mais leur chef avait trop de circonspection pour