Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/654

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§ 4. On trouve dans tous les auteurs que chaque consul ne menait contre les ennemis les plus redoutables que deux légions, renforcées d’auxiliaires fournis par les alliés : tant l’on comptait sur la force de la discipline dans ces deux légions, pour quelque guerre que ce fût[1].

§ 5. Chaque légion doit être de dix cohortes. La première cohorte est au-dessus des autres, et par le nombre et par la qualité des soldats qui doivent être des gens bien nés et élevés dans les lettres : elle est en possession de l’aigle, qui est toujours l’enseigne principale dans les armées romaines, et qui commande à toute la légion. Les images des empereurs, que chacun révère comme des marques présentes de la divinité, sont aussi sous la garde de cette cohorte. Elle est de onze cent cinq fantassins et de cent trente-deux cavaliers cuirassés, et s’appelle cohorte milliaire. C’est la tête de la légion ; c’est aussi par elle que l’on commence à former la première ligne, quand on se prépare à combattre. La seconde cohorte contient cinq cent soixante fantassins et soixante-six cavaliers, et s’appelle cohorte quingentaire (de cinq cents). La troisième cohorte contient aussi cinq cent soixante fantassins et soixante-six cavaliers ; mais on la compose de soldats vigoureux et éprouvés, parce qu’elle occupe le centre de la première ligne. La quatrième cohorte a cinq cent cinquante-cinq fantassins et soixante-six cavaliers. La cinquième a également cinq cent cinquante-cinq fantassins et soixante-six cavaliers ; mais elle demande surtout des soldats courageux, parce qu’on la place à la gauche, comme la première à la droite : ces cinq cohortes forment donc a première ligne. La sixième cohorte se compose de cinq cent cinquante-cinq fantassins et de soixante-six cavaliers : on la forme principalement de la fleur de la jeunesse, parce qu’elle est placée en seconde ligne derrière la première cohorte, qui a la garde de l’aigle et des images. La septième cohorte renferme cent cinquante-cinq fantassins et soixante six cavaliers ; la huitième, cent cinquante-cinq fantassins et soixante-six cavaliers ; mais elle demande aussi des hommes résolus, parce qu’elle occupe le centre de la seconde ligne. La neuvième cohorte a cinq cent cinquante-cinq fantassins et soixante-six cavaliers. La dixième cohorte a, de même, cent cinquante-cinq fantassins et soixante-six cavaliers ; et on a soin d’y faire entrer de bons soldats, parce qu’elle forme la gauche de la seconde ligne, comme la sixième en forme la droite. Ces dix cohortes font une légion complète de six mille cent cinq fantassins et de sept cent vingt-six cavaliers. Il ne doit jamais y avoir moins de combattants dans chaque légion ; mais on les fait quelquefois plus fortes, en y créant au besoin, non pas seulement une cohorte milliaire, mais plusieurs[2].

§ 6. Le grand tribun est institué en vertu d’une lettre sacrée, par la volonté de l’empereur ; le petit tribun doit sa charge à ses services. Le nom de tribun vient de tribu, parce qu’il commande les soldats que Romulus leva le premier par tribus. On appelle ordinaires ceux qui, dans une bataille, mènent les ordres (ordines) ou divisions. Les aquilifères sont ceux qui portent l’aigle (aquilam) ; les imaginaires, ceux qui sont chargés des images de l’empereur. Les options sont ainsi nommés du mot optare (choisir), parce qu’ils sont comme adoptés par des officiers d’un grade supérieur, dont ils font tout le service, en cas de ma-

  1. Voy. Végèce, l. II, c. iv.
  2. Voy. Végèce, I. II, c. vi.