Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/674

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de la guerre, en a recueilli ; ce qui en a été réglé par les institutions d’Auguste, de Trajan et d’Adrien. Car je n’avance rien de moi-même ; je ne fais que des extraits des ouvrages dont je viens de parler.

chapitre ix.
Qu’il faut exercer les nouveaux soldats au pas militaire, au saut et à la course.

La première attention doit être d’accoutumer les nouveaux soldats au pas militaire ; car rien n’est plus important, dans une marche ou dans une action, que d’y conserver l’égalité des mouvements entre les soldats ; ce qui ne se peut faire qu’en les exerçant continuellement à marcher vite et du même pas. Des troupes qui vont à l’ennemi d’un pas désuni, et sans observer exactement les rangs, courent toujours grand risque de se faire battre. Une troupe d’infanterie fera vingt milles de chemin en cinq heures d’été, d’un pas ordinaire ; mais un pas plus allongé lui en fera faire vingt-quatre milles dans le même nombre d’heures. Si le soldat allonge ou presse davantage ses pas, il ne marche plus, il court ; or, la course n’a ni intervalle ni temps déterminé. Il faut cependant y accoutumer les jeunes soldats ; car c’est par la course qu’ils fondront sur l’ennemi avec plus d’impétuosité ; qu’ils occuperont les premiers un poste avantageux ; qu’ils y devanceront même l’ennemi, qui sera parti le premier pour s’en saisir ; qu’ils iront promptement à la découverte, et en reviendront encore plus vite ; qu’ils tomberont brusquement sur les fuyards. Il est bon d’exercer le soldat à sauter, le saut le rendant prompt à franchir les fossés ou toute hauteur qui lui fait obstacle, et à triompher sans peine de toutes les difficultés de ce genre. De plus, dans une action, un soldat agile qui, avec son javelot, s’avance contre son adversaire en courant et en sautant, l’étonne, l’étourdit, et lui darde son coup avant que celui-ci ait pu se mettre en défense. Salluste rapporte que le grand Pompée disputait d’agilité avec les meilleurs sauteurs ; de vitesse, avec les coureurs les plus légers ; de force, avec les soldats les plus vigoureux. Et comment aurait-il pu tenir tête à Sertorius, si par de fréquents exercices il ne se fût préparé, lui-même et ses troupes, à combattre un si redoutable adversaire ?

chapitre x.
Qu’il faut apprendre à nager aux soldats.

On doit, en été, apprendre à nager à tous les nouveaux soldats ; car lorsqu’il ne se trouve pas de pont pour le passage d’une rivière, on est obligé de la passer à la nage, soit qu’on poursuive l’ennemi, soit qu’on en soit poursuivi. D’ailleurs, si la fonte des neiges ou des pluies enflent les torrents, le soldat qui ne sait pas nager, enfermé entre l’ennemi et le torrent, se trouve dans un double péril. C’est pourquoi les anciens Romains, qu’une infinité de guerres et de dangers avait perfectionnés dans l’art militaire, placèrent le champ de Mars près du Tibre, afin que les jeunes gens, couverts de sueur et de poussière après leurs exercices, pussent se laver et se nettoyer aussitôt, et se délasser ainsi, en nageant, des fatigues de la course. Il est donc essentiel d’accoutumer à cet exercice non seulement les gens