Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/677

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chapitre xvi.
Qu’il faut exercer les nouveaux soldats à lancer des pierres.

Il est fort utile de former les nouveaux soldats à lancer des pierres, soit avec la fronde, soit avec la main. Nous devons, dit-on, l’invention et l’usage de la fronde aux premiers habitants des îles Baléares. Ils portaient si loin les précautions pour s’y perfectionner, que les mères ne donnaient pour aliment aux enfants, dès leur bas âge, que ce qu’ils avaient abattu à coups de fronde. La pierre qui part d’une fronde, ainsi que de toute autre machine, est plus meurtrière que quelque flèche que ce soit contre un ennemi armé de toutes pièces ; car quoiqu’elle ne cause point de fracture à aucun membre, et qu’elle n’ait point l’odieux de faire couler le sang, elle ne laisse pas de porter des coups mortels. Personne n’ignore que dans tous les combats des anciens on faisait usage de frondeurs. Il est d’autant plus utile d’exercer fréquemment les nouveaux soldats à lancer la fronde, que ce n’est point une arme embarrassante à porter, et qu’il arrive souvent ou qu’on ait à combattre sur un terrain pierreux, ou qu’on ait à défendre l’approche d’une montagne, d’une colline, ou qu’on ait à se servir de pierres ou de frondes pour éloigner les barbares d’une ville ou d’une forteresse.

chapitre xvii.
De l’exercice des dards plombés.

Il est bon d’exercer le soldat à lancer ces dards plombés qu’on appelle martiobarbules. Nous eûmes autrefois en Illyrie deux légions de trois mille hommes chacune qui les lançaient avec tant de force et d’adresse, qu’on les distingua par leur surnom honorable de martiobarbules. On leur dut pendant longtemps un si grand nombre de victoires, que les empereurs Dioclétien et Maximien les appelèrent Joviens et Herculiens, les préférant à toutes les autres légions. Ils portaient toujours cinq de ces dards cachés dans l’intérieur de l’écu. En les lançant à propos, tel qui n’est armé que de la lance et de l’écu fait tout d’un coup l’office d’archer, blessant hommes et chevaux avant qu’on en vienne aux mains et même aux traits.

chapitre xviii.
Des exercices du cheval.

On accoutumait autrefois à l’exercice du cheval non seulement les nouveaux soldats, mais même les anciens ; usage qui se pratique encore, quoique avec moins d’exactitude. On plaçait pour cela des chevaux de bois, l’hiver, sous des toits, l’été en pleine campagne ; les nouveaux solda y montaient d’abord sans armes, jusqu’à ce qu’ils s’y fussent habitués, ensuite tout armés. Ils rendaient cet exercice familier, au point qu’ils parvenaient à monter indifféremment à droite à gauche, l’épée nue ou le javelot à la main. Ainsi, par l’habitude continuelle qu’ils en faisaient en temps de paix, ils conservaient cette agilité en temps de guerre, et jusque dans le tumulte du combat.