Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/680

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le couteau du boucher ; car, en pareil cas, le massacre ne cesse qu’autant que les vainqueurs veulent bien cesser la poursuite.

chapitre xxii.
Des campements.

Il faut toujours, mais surtout dans le voisinage de l’ennemi, asseoir le camp dans un lieu sûr, où l’on puisse avoir abondamment du bois, du fourrage et de l’eau, et où l’air soit sain, si l’on y doit demeurer longtemps. On prendra garde aussi de ne point se camper sur des hauteurs dominées par un point plus élevé, d’où l’on pût être incommodé par les ennemis ; et l’on examinera si le terrain n’est pas sujet à être inondé par des torrents, qui pourraient causer du dommage à l’armée. A l’égard de l’enceinte des camps, elle se règle sur le nombre des troupes et sur la quantité des bagages ; de sorte qu’une grande armée ne s’y trouve pas trop serrée, et qu’une petite ne soit pas obligée de s’y trop étendre.

chapitre xxiii.
De la forme des camps

On peut tracer un camp en demi-cercle, en carré, en triangle, selon que l’exige ou le permet la nature du terrain. La porte qu’on appelle prétorienne regarde ordinairement ou l’orient, ou le camp de l’ennemi, ou la route qu’on doit prendre le lendemain, supposé qu’on soit en marche. C’est près de cette porte que nos premières centuries, ou cohortes, dressent leurs tentes, et plantent les dragons et les autres enseignes. C’est par la porte decumane, opposée à la prétorienne, qu’on conduit les soldats au lieu marqué pour les châtiments militaires.

chapitre xxiv.
De quelle espèce de retranchements on doit se servir suivant les circonstances.

Il y a deux manières de se retrancher. Lorsqu’on a peu de chose à craindre de l’ennemi, on coupe des morceaux de terre et de gazon, et on en forme autour du camp une espèce de mur de trois pieds de haut, qui a pour fossé le même emplacement d’où l’on a tiré la terre et le gazon : le fossé doit avoir neuf pieds de largeur et sept de profondeur. Mais si l’ennemi devient trop pressant, on trace le fossé de douze pieds de largeur sur neuf de profondeur sous cordeau ; ensuite on étend sur le rez-de-chaussée des espèces de fascines, qu’on charge de la même terre que fournit le fossé, à la hauteur de quatre pieds. Ainsi le retranchement présente à l’ennemi treize pieds de haut et douze de largeur ; par-dessus le tout, on plante encore de fortes palissades, que les soldats portent ordinairement dans les marches. Pour ces sortes de travaux il faut être bien fourni de bêches, de pelles, de panniers, et d’autres semblables outils.

chapitre xx.
Comment on doit retrancher un camp en présence de l’ennemi.

Il est facile de fortifier un camp lorsque l’ennemi est éloigné ; mais il ne l’est pas de même quand on l’a devant soi : pour lors on met toute