Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/681

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sa cavalerie et la moitié de son infanterie en bataille, pour couvrir le reste des troupes qui travaillent aux retranchements. Afin que cela se fasse sans confusion, un crieur nomme les centuries qui sont les premières de travail, et successivement toutes les autres dans l’ordre où elles doivent se relever, jusqu’à ce que tout soit achevé. L’ouvrage fini, les centurions font leur visite, mesurent le travail de chaque centurie, et punissent ceux qui ont mal travaillé. On voit combien il est essentiel que le nouveau soldat s’accoutume à se retrancher promptement, habilement et sans confusion, toutes les fois que cela est nécessaire.

chapitre xxvi.
Comment on habitue les soldats à observer l’ordre et les intervalles dans les armées.

Rien n’est de si grande conséquence pour le succès d’une bataille, que d’avoir des soldats qui sachent garder exactement leurs rangs, sans se serrer ni s’ouvrir plus qu’il ne faut. Des gens trop pressés n’ont pas l’espace nécessaire pour combattre, et ne font que s’embarrasser les uns les autres ; mais s’ils sont trop ouverts, ils donnent à l’ennemi la facilité de les pénétrer ; et dès qu’une armée est une fois rompue et prise en queue, la peur achève bientôt de mettre la confusion partout. C’est pourquoi il faut mener très souvent les nouveaux soldats au champ de Mars, les faire défiler l’un après l’autre suivant l’ordre du rôle, et ne les mettre d’abord que sur un rang, observant qu’ils soient parfaitement alignés, et qu’il y ait entre chaque homme une distance égale et raisonnable. Ensuite on leur commandera de doubler le rang promptement, et de façon que dans le même instant le second rang qu’ils forment réponde juste au premier ; par un autre commandement, ils doubleront encore, et se mettront brusquement sur quatre de hauteur. De ce carré long, ils formeront ensuite le triangle, qu’on appelle coin ; disposition dont on se sert très utilement dans les batailles. On leur commandera aussi de former des pelotons ronds ; autre évolution, par le moyen de laquelle les soldats bien exercés peuvent se défendre, et empêcher la déroute totale d’une armée. Ces évolutions, bien répétées dans les camps, s’exécutent aisément sur le champ de bataille.

chapitre xxvii.
De l’aller et du retour dans les promenades, et du nombre des exercices par mois.

Pour faire prendre aux soldats une idée des manœuvres de la guerre, les anciens avaient établi un usage qui s’observa constamment, et qui fut confirmé par les ordonnances d’Auguste et d’Adrien ; c’était de mener, trois fois le mois, les troupes, tant infanterie que cavalerie, à la promenade : c’est le terme propre. On obligeait les fantassins d’aller à dix milles de leur camp marchant en rang, et de revenir de même, mais en changeant quelquefois le pas, de sorte qu’une partie du chemin se fit comme en courant. La même loi était pour les cavaliers armés et divisés par escadrons ; ils faisaient autant de chemin, en exécutant divers mouvements de cavalerie : tantôt ils faisaient semblant de poursuivre l’ennemi, et tantôt ils pliaient pour retourner à la charge