Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/689

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chapitre xi.
Des fonctions du préfet des ouvriers.

La légion avait à sa suite des menuisiers, des maçons, des charpentiers, des forgerons, des peintres, et plusieurs autres ouvriers de cette espèce ; ils étaient destinés à construire les logements et les baraques des soldats dans les camps d’hiver, à fabriquer les tours mobiles, à réparer les chariots et les machines de guerre, et à en faire de neuves. Différents ateliers où se faisaient les boucliers, les javelots, les casques, les cuirasses, les flèches, et toutes sortes d’armes offensives et défensives, suivaient aussi la légion ; car les anciens avaient un soin particulier que dans les camps il ne manquât jamais rien de tout ce qui pouvait être nécessaire à une armée : ils avaient jusqu’à des mineurs, pour prendre les places, à la manière des Besses, par des travaux souterrains ; c’étaient des galeries qu’on poussait sous les fondements des murs, et qui perçaient dans la ville : tous les ouvrages dont on vient de parler étaient sous les ordres d’un officier qu’on appelait, du nom de sa charge, le préfet des ouvriers.

chapitre xii.
Des fonctions des tribuns des soldats.

Nous avons dit qu’il y avait dans une légion dix cohortes, dont la première, de mille hommes, était composée de soldats qui avaient du bien, de la naissance, des lettres, de la figure, et de la valeur. Le tribun qui la commandait devait être un homme distingué par les avantages du corps, comme la force et l’adresse à manier les armes, et par l’honnêteté de ses mœurs. Les autres cohortes étaient gouvernées, selon qu’il plaisait au prince, par des tribuns ou par des officiers qui les commandaient par commission. Les uns et les autres ne se contentaient pas de faire manœuvrer tous les jours sous leurs yeux les soldats de leurs cohortes ; mais, comme ils savaient parfaitement exécuter les exercices militaires, ils donnaient eux-mêmes aux soldats l’exemple de ce qu’ils leur commandaient ; tant on prenait de soin alors à exercer les troupes ! Aussi donnait-on au tribun les louanges dues à son application, quand on voyait ses soldats se tenir proprement, avoir toujours leurs armes complètes et brillantes, exécuter de bonne grâce les évolutions, et marcher en gens bien disciplinés.

chapitre xiii.
Des centuries et des enseignes de l’infanterie.

L’enseigne commune de la légion était l’aigle, et celle de la cohorte un dragon, porté par les dragonnaires. Les anciens, qui n’ignoraient pas que dans la mêlée il arrive facilement du désordre et de la confusion, divisèrent les cohortes par centuries, et leur donnèrent à chacune des enseignes particulières, où étaient écrits les noms des cohortes et des centuries, afin que, dans la plus grande mêlée, les soldats, en jetant les yeux sur cette enseigne, pussent toujours se rejoindre à leurs camarades. Outre cela, les centurions, appelés aujourd’hui centeniers, portaient des marques aux crêtes de leurs casque, pour être plus aisément reconnus de leur com-